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Des ulcérations « douteuses » de la cavité buccale_2_

Quel est votre diagnostic ?

  Il s’agit d’une syphilis secondaire.
Le diagnostic a été retenu devant l’association de lésions polymorphes de la cavité buccale, avec une atteinte cutanée et des signes généraux  la positivité des sérologies et l’orientation homosexuelle recueillie lors de l’interrogatoire.
En effet, les penetrations étaient protégées mais pas les rapports orogenitaux, mode de contamination le plus probable chez ce patient et le plus probable dans le cadre de l’épidemie actuelle de syphilis chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes. Véritable fléau depuis la fin du xve siècle jusqu’a la seconde guerre mondiale et l’apparition de la pénicilline , le diagnostic de syphilis n’est plus assez évoque de nos jours. Il s’agit pourtant d’une affection en recrudescence depuis une dizaine d’années, notamment dans le milieu homosexuel, en particulier du fait de l’absence de protection lors des rapports orogenitaux.

  Par ailleurs, il existe une forte corrélation entre la maladie syphilitique et l’infection par le virus de l’immunodeficience humaine (VIH) . Non seulement la co-infection paraît plus agressive qu’une mono-infection, le VIH accroissant le nombre et la fréquence des ulcères génitaux, prolongeant les phases primaire et secondaire, et précipitant le stade de neurosyphilis, mais en plus, il semblerait que la syphilis orale favorise l’infection au VIH.


   La syphilis est une maladie sexuellement transmissible causée par un spirochète  le Treponema pallidum. La contamination est pratiquement toujours sexuelle et directe . La cavité buccale est le site extragenital le plus communément atteint : 12 a 14 % pour la syphilis primaire . L’évolution de la maladie se fait en trois phases : primaire, secondaire, phase de latence, tertiaire . La syphilis primaire survient après une période d’incubation
d’environ 20 jours suivant la contamination. La principale symptomatologie en est le chancre, réalisant une
érosion, voire une ulcération classiquement indolore, avec une induration marginale et dont la cicatrisation est
spontanée en six a huit semaines. Il existe une ou plusieurs adénopathies satellites pouvant persister plus longtemps.

   La syphilis secondaire débute 60 jours après la contamination et peut durer jusqu’a trois ou quatre ans en l’absence de traitement. C’est la phase de généralisation de la maladie, communément appelée « la grande simulatrice » compte tenu de manifestations buccales, systémiques et cutanées  Les manifestations buccales de la syphilis secondaire sont superficielles, disséminées et le plus souvent douloureuses. Elles ont une tendance spontanée a la cicatrisation et récidivent fréquemment.

 La multitude de formes cliniques (syphilides erythemateuses, opalines, érosives  papuleuses, hypertrophiques) peut faire évoquer a tort un grand nombre de diagnostics diffe-
rentiels.
 Les manifestations générales sont marquées le plus souvent par un syndrome pseudo-grippal  L’angine syphilitique est fréquente. Une micropolyadenopathie généralisée est quasi constante.

  Les manifestations cutanées distinguent deux périodes :
la première floraison avec la roséole (macules erythemateuses rose pale au niveau du tronc et la racine des membres, respectant la face, non prurigineuses) ; la seconde floraison avec les syphilides papuleuses
(papules infiltrées cuivrées atteignant principalement la face et les régions palmoplantaires, non prurigineuses).
Apres une phase de latence asymptomatique, la syphilis tertiaire débute trois a 15 ans après la contamination. Les manifestations sont essentiellement neurologiques, cardiaques, osseuses et cutaneomuqueuses (gommes réalisant des nodules hypodermiques inflammatoires indolores le plus souvent au niveau de la face).

   Le diagnostic de syphilis est essentiellement biologique . Les tests réalises en pratique (VDRL et TPHA), longtemps négatifs en cas de syphilis primaire, sont positifs lors de la syphilis secondaire, avec des titres eleves en anticorps (fig. 4) . Le patient présente dans le cas clinique était positif au VDRL a 1/16 et au TPHA a 1/5120.
  Enfin, il n’existe pas de diagnostic anatomopathologique, les aspects histologiques étant variables. Le seul intérêt de la biopsie étant l’elimination d’un diagnostic différentiel . Le traitement recommande est le « traitement minute » : benzathine-penicilline (ExtencillineW), 2,4 millions d’UI en intramusculaire . C’est le traitement dont a bénéficié notre patient dans cette observation, favorisant la cicatrisation, même si celle-ci est en général spontanée en l’absence de traitement.
Figure 4. Schema simplifie d’aide a l’interpretation des serologies de lasyphilis.182

 En cas d’allergie, le traitement par cyclines (VibramycineW per os, 200 mg/j) ou macrolides (ErythromicineW per os, 2 g/j) pendant 15 jours est recommande.
 La réaction de Jarish-Herxheimer associant fièvre  frissons, malaise général et éruption cutanée dans les six heures suivant l’injection de pénicilline est traitée par corticothérapie.

Par ailleurs, une enquête epidemiologique est nécessaire a la recherche et au traitement des partenaires sexuels potentiellement contamines.
C’est la diminution significative du VDRL (baisse du titre du VDRL de quatre fois en six mois) qui permet de suivre l’éfficacite du traitement.
Cependant, les sérologies de syphilis peuvent rester positives si le traitement est instaure tardivement.

Conflits d’intérets
Il n’y a aucun conflit d’intéret.









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